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 C’est Ségolène, maman de 3 enfants, 
qui m’a fait l’honneur de répondre présente pour être notre 1ère maman du 21ème siècle.

Elle est psychologue pour enfants, fondatrice de l’Accolade
(une association dont la vocation est de développer le bien-être en famille)
et accompagne au quotidien ses enfants qui font l’école à la maison.

 

Peux-tu nous dire qui tu es ?

Je m’appelle Ségolène et j’ai 33 ans. Je suis psychologue pour enfants et j’ai longtemps travaillé dans un centre qui accueille des enfants de 0 à 6 ans présentant un handicap ou une suspicion de handicap. Je me suis mariée il y a 7 ans à Quentin avec qui j’ai 3 enfants : un garçon de 6 ans, un autre garçon de 4 ans et demi et une fille de 2 ans. Je fais du développement personnel depuis un peu plus d’un an, ce qui m’apporte énormément en compréhension de mon propre fonctionnement, et ce qui me permet de me sentir beaucoup plus sereine et apaisée.

Aujourd’hui, je développe une association, l’Accolade (dans l’ouest parisien), dont je suis la présidente. D’une part, nous proposons des ateliers et des rencontres pour les parents et tous les éducateurs (assistantes maternelles, grands-parents…) : Ateliers Faber et Mazlish, Café des parents, conférences, suivi psychologique et guidance parentale en entretiens individuels. D’autre part, nous développons des ateliers pour les enfants et leurs parents afin de passer un moment privilégié ensemble.

Quel modèle éducatif as-tu reçu et quelle était ta vision de la maternité avant d’avoir des enfants ?

Je suis l’aînée d’une fratrie de 4. J’ai reçu une éducation traditionnelle basée sur une conception de l’éducation d’autorité verticale (c’est à dire avec des parents ayant autorité et pouvoir sur les enfants en usant des punitions, des fessées, des privations etc.). De part mes études (master en psychologie de l’enfant et de l’adolescent), j’avais déjà commencé à remettre en question l’éducation que j’avais reçue et je savais que je serais très investie dans la maternité. Mais je ne me doutais pas que j’en serai là, 6 ans après. Je ne pensais pas que mes enfants m’apprendraient autant ! Et surtout, j’étais à mille lieux d’imaginer que mes enfants ne seraient pas scolarisés !

 

Tu pratiques donc l’école à la maison. Pourquoi ce choix ?

Avec Quentin, nous avons passé beaucoup de temps à remettre en question l’éducation que nous voulions pour nos enfants. Nous en sommes venus à l’idée que les apprentissages se font de manière complètement naturelle et spontanée dès la naissance, avec une motivation intrinsèque sans précédent. Pour apprendre à marcher et à parler, l’enfant doit fournir des efforts physiques et intellectuels considérables, qu’il fait pourtant avec une très grande motivation (sauf handicap, évidemment, mais ce n’est pas le cas de nos enfants, à notre grande chance). L’apprentissage de la marche et du langage se fait avec l’étayage de l’adulte, c’est à dire que l’adulte propose des moyens pour faciliter les apprentissages (chanter des comptines, regarder des imagiers, etc), mais, à aucun moment, une pression n’est mise. Que l’enfant marche à 9 mois ou à 18 mois, les pédiatres et psychologues (que je suis !) considèrent que c’est normal. Le rythme des enfants est respecté et sauf handicap, les enfants arrivent tous à marcher et parler. Dans les années qui suivent, on observe tous que les enfants sont curieux de tout, ils ont une grande soif d’apprendre et de grandir. Nous sommes donc partis du postulat qu’en soutenant les apprentissages de nos enfants, en leur offrant notre culture, tous les apprentissages pourraient continuer sur ce mode. En clair, nos enfants sont libres de leur emploi du temps, nous leur « offrons la culture » par des sorties, du matériel adapté pour certains apprentissages (lecture, écriture par exemple), en répondant à leurs questions (et en les approfondissant) mais nous ne leur imposons jamais rien (en termes d’apprentissage bien sûr, les règles de sécurité par exemple font partie du non négociable).

 

Quels sont les aspects positifs et les limites de ce mode d’éducation ?

J’aime énormément l’école à la maison, je m’y épanouis beaucoup et j’observe que c’est également le cas pour mes 3 enfants. Je passe beaucoup de temps avec eux et j’ai beaucoup de joie à les voir grandir et à être actrice de leur développement. Mes enfants sont très autonomes, très libres, ils passent beaucoup de temps à jouer (jeux dans la nature, jeux symboliques, jeux ensemble). Comme ils n’apprennent que quand ils sont motivés, ils apprennent très vite et très bien. Aujourd’hui, mes 2 aînés ne sont ni très en avance ni très en retard sur le programme scolaire (avec des différences selon les « matières », mais globalement ils ont le niveau) alors qu’ils passent très peu de temps à travailler. Cependant, aujourd’hui, je voudrais démarrer une activité professionnelle car j’ai vraiment à cœur de reprendre mon boulot de psy qui me passionne et de partager mes connaissances en matière d’éducation. Pour cela, j’aimerais avoir plus de temps à y consacrer et déléguer ainsi un peu de temps consacré à mes enfants. En parallèle, mon mari est très frustré de ne pas s’investir plus dans l’éducation de nos enfants. Nous aimerions avoir un mi-temps chacun.

Du point de vue de nos enfants, pour les deux plus jeunes (2 et 4 ans), je pense que ce qu’ils vivent actuellement est très adapté et répond complètement à leurs besoins. En revanche, l’aîné (6 ans), qui a été scolarisé, souhaiterait voir plus souvent ses copains. Nous voyons des enfants presque tous les jours mais notre aîné a connu une période où il voyait ses copains tous les jours et ça lui manque encore.

 

 Pour avoir une idée de ton quotidien, peux-tu nous décrire une de tes journées ?

Vers 7h30, les enfants se réveillent et viennent dans notre lit. La plus jeune y boit son biberon, les autres reçoivent une bonne dose de câlins pour bien démarrer la journée. Mon mari est parfois déjà parti, pas toujours. Puis, nous nous habillons et petit déjeunons. Nous sommes prêts vers 9h (oui, on traîne beaucoup !!). La matinée se déroule selon les envies et besoins de chacun : sortie, activités ensemble, ou seuls. Vers 11h30, on déjeune ensemble (si tôt, car ma fille de 2 ans a trop faim !). Ma fille fait une sieste, mon fils de 4 ans un temps calme pendant 1 h et l’aîné de 6 ans joue seul dans sa chambre pendant 1h. Ça me permet de souffler un peu et d’avoir un peu de temps pour moi. Goûter vers 15h30 et après-midi en fonction de l’emploi du temps de la semaine (sortie, activité libre, activité extrascolaire, copains…). À 18h, le bain, suivi du dîner pris tous ensemble (souvent mon mari est là, pas toujours, auquel cas je l’attends pour dîner). Lectures des histoires du soir (c’est long, parce qu’ils en choisissent chacun une !), dodo à 19h30/20h. Parfois, pour faciliter l’endormissement, nous leur proposons un peu de sophrologie/massage ou lecture d’Hélène la petite éléphante qui voulait dormir (techniques d’hypnose et de relaxation).

 

Quelle maman es-tu ?

Je rêverais d’être une maman zen H24 … C’est le cap que je me fixe, même si je sais pertinemment que la réalité n’est pas celle des Bisounours et que je m’énerve bien trop souvent. Je pense en revanche réussir à être une maman à l’écoute des besoins de mes enfants, disponible pour eux et passionnée par leur éducation.

 

Qu’est-ce que la maternité a révélé en toi ?

Quand j’ai eu mon premier bébé dans les bras, ça a été une joie indescriptible ! Je me suis sentie pleinement heureuse et épanouie !

J’ai, en revanche, été très choquée de la manière dont l’entourage m’a accompagnée dans la maternité. De toute ma vie, je ne me suis jamais sentie autant dépréciée et dévalorisée. Tout ce que je faisais ou disais était remis en cause. Peut-être que ces « conseils » se voulaient aidants, mais ils venaient toujours à l’encontre de ce que je faisais (Tu ne devrais pas prendre ton bébé dans les bras, il va s’habituer. Laisse-le pleurer, il doit apprendre à gérer ses pleurs seul. Arrête l’allaitement …). On a même critiqué le liniment que je mettais pour nettoyer les fesses de mon nouveau né !! Pour le deuxième, plus personne ne me faisait de réflexion, pour la 3ème, les personnes disaient même leur admiration d’assumer 3 jeunes enfants. Je me suis alors rendue compte que, dans notre société, une jeune maman est considérée comme étant fondamentalement incapable de s’occuper de son enfant, tandis qu’une maman de 3 enfants est naturellement beaucoup plus douée. Je reconnais que nos compétences de mère augmentent avec le temps et l’expérience mais j’ai rencontré de jeunes mamans très adaptées à leur enfant, et des mamans de plusieurs enfants complètement dépassées par la situation !! Ces préjugés sont bien regrettables et j’en ai beaucoup souffert à la naissance de mon aîné.

Chaque naissance m’a beaucoup appris tant sur le plan de la maternité et la manière d’élever un enfant que sur un plan personnel. Mes enfants ont réveillé la petite fille que j’étais, apportant un lot de bons et mauvais souvenirs !! Voilà un peu plus d’un an que je fais du développement personnel et que des situations vécues avec mes enfants me permettent d’avancer sur la compréhension de mon propre fonctionnement et de venir guérir la petite fille que j’étais.

 

Quels sont les principes éducatifs qui te tiennent à cœur ?

Pour moi, l’essentiel réside dans la gestion et la compréhension de ses propres émotions. Un enfant qui se connaît, c’est-à-dire qui connaît ses émotions, qui sait les accueillir puis les gérer, deviendra un adulte heureux, épanoui et serein. S’il maîtrise le langage de l’empathie, il saura s’adapter à la société et mettra tout en œuvre pour se créer une vie dans laquelle il s’épanouira. Je pense qu’il est également indispensable que l’enfant se construise dans une relation avec ses parents qui soit aussi authentique et saine que possible. L’éducation repose dès lors sur un système de communication où chacun a sa place, se sent respecté, entendu, non jugé.

Le rôle des parents est selon moi également d’inculquer à nos enfants le respect des règles de sécurité et de vie en société. Certaines règles sont non négociables et doivent être apprises à l’enfant de manière bienveillante et ferme. Si un enfant en comprend la finalité, il la fera sienne plus facilement.

Qu’admires-tu le plus chez Quentin, le papa de tes enfants ?

– Sa capacité à remettre en question les principes éducatifs, nos valeurs, nos manières de faire

– L’investissement qu’il a auprès de nos enfants

– Sa capacité à jouer avec eux : il a gardé toute son âme d’enfant

– Sa patience quand je n’en ai plus (et parfois c’est le contraire !!) et le fait qu’il accepte toujours de prendre le relais quand je le lui demande

– Sa tendresse et sa capacité à montrer son amour à nos enfants

 

Quel est votre secret pour rester un couple uni avec 3 enfants ?

La communication. Nous passons des heures à parler, remettre en question, réfléchir et ainsi à s’ajuster au mieux aux besoins de chacun de nous.

 

Quel conseil donnerais-tu à une future maman ?

Fais ce que ton cœur te dit de faire. Si tu sens au fond de toi que tu dois faire telle ou telle chose, fais le ! Écoute ton entourage, prends les différents conseils, renseigne toi, documente toi (il y a foison de blogs, articles, livres, conférences, ateliers …) puis fais-toi ta propre opinion. Mais surtout, surtout, fais ce que ton cœur te dicte, il vaut tous les conseils du monde, même des personnes les mieux intentionnées !

 

Que ferais-tu différemment si c’était à refaire ?

J’arrêterais de travailler plus tôt. Ça m’a crevé le cœur de laisser mes bébés de 5 mois à la crèche pour aller m’occuper des enfants des autres …

 

 

Quel est, selon toi, LE bon plan à partager avec d’autres parents ?

Hé hé !! Ma propre association, l’Accolade !! J’alimente une page Facebook, un petit blog avec quelques articles mais surtout je propose des moments de rencontres et d’échanges (conférences, ateliers de parents, café des parents, entretiens individuels) et des moments privilégiés à partager avec son enfant !

 

Comment est née pour toi cette idée d’accompagner d’autres parents ?

Je le faisais déjà dans mon boulot au CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce) et j’adore ça ! Je trouve passionnant de transmettre mon expérience, de réfléchir ensemble à certaines problématiques et d’en apprendre autant que les parents que j’accompagne !

 

Que peut-on te souhaiter ?

Que mon activité avec l’Accolade se développe bien !! J’anime une conférence sur le thème de la fratrie le 26 septembre et une sur les émotions de l’enfant le 21 novembre. Je démarre également un cycle d’ateliers Faber et Mazlish début octobre. Les inscriptions se font directement sur mon site laccolade.org.

 

J’espère que ce premier portrait vous a plu. N’hésitez pas à le commenter ! 😉

Bises.

Céline.