Qu’il peut être difficile pour un enfant d’apprendre à gérer ses frustrations.
Or c’est bien tout cela qui se joue pendant la fameuse période du complexe d’Oedipe :
il apprend peu à peu à renoncer aux désirs impossibles et à canaliser ses pulsions.
Comme je suis contente de vous retrouver en cette rentrée scolaire !
À tous ceux qui ont laissé leurs petits bouts de choux ce matin, j’espère que cela n’a pas été trop difficile, ni pour eux, ni pour vous ! (En ce qui nous concerne, le retour à l’école aura lieu jeudi et je suis bien contente d’avoir droit à 3 jours supplémentaires avec mon Loulou !). Je dois admettre que, malgré les difficultés, j’aime avoir mes enfants avec moi : je me sens alors pleinement moi, dans mon rôle, à ma place. Et je sais que, pour eux, se séparer de moi est délicat ; surtout pour Loulou en ce moment. (Chaton est dans une période « Papa, papa, papa »)
Mon grand est entré depuis plusieurs mois maintenant dans sa phase d’Oedipe, vous savez cette période que les freudiens qualifieraient de charnière et durant laquelle l’enfant n’a d’yeux « que » pour le parent du sexe opposé. S’il admire le parent du même sexe qui constitue son premier modèle, il devient possessif avec celui de l’autre sexe et recherche son contact physique. Bon, alors, chez nous, heureusement, Loulou réclame beaucoup son papa aussi et apprécie les activités qu’ils font ensemble. Mais les « Maman chérie d’amour », « Tu es mon cadeau », « Je veux que ce soit Maman », « J’aime plus Maman que Papa », etc. se font de plus en plus pressants. Il certifie qu’il ne voudra jamais vivre ailleurs qu’à la maison ni avoir d’amoureuse car il veut rester toute sa vie avec moi. Il me demande pourquoi je ne pourrai pas être son amoureuse plus tard. Et s’il pouvait m’embrasser sur la bouche, il s’en donnerait à coeur joie. Je crois qu’on y est …
Parmi les petites choses que j’ai relevées chez lui ces derniers temps, il y a :
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- cette envie que certaines choses ne soient faîtes que par moi :
- c’est systématiquement moi qu’il réclame pour m’asseoir à côté de lui à table
- il veut que ce soit moi qui marche à côté de lui et lui tienne la main quand nous nous promenons dans la rue
- il a insisté pour que je m’asseye à côté de lui dans l’avion des vacances
- ces difficultés à se séparer de moi :
- Damien n’a eu que rarement du mal à se séparer de Loulou en quittant l’école le matin, là où, de mon côté, les larmes et séparations difficiles sont fréquentes
- ce côté tactile qu’il développe régulièrement :
- Il tente temps en temps de m’embrasser sur la bouche
- J’ai eu des caresses sur la main à chaque repas pendant une période (qui semble terminée depuis un moment)
- cette difficulté à gérer les frustrations du quotidien et à accepter le refus de l’autre. (Mais, j’ai remarqué qu’il a grandi dernièrement car il a fait beaucoup de progrès en terme de gestion des émotions avec diminution des colères et qu’il commence à intégrer qu’il faut respecter le fait qu’une autre personne puisse avoir des envies différentes des siennes. La route est encore un peu longue mais la pente est amorcée ! 🙂 )
- cette envie que certaines choses ne soient faîtes que par moi :
Face à cela, j’essaie de recadrer les choses :
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- Je lui répète que je l’aime très fort, qu’il est mon trésor, mais que je ne pourrai jamais être son amoureuse car les grandes personnes ne sont pas amoureuses des enfants.
- Je lui indique aussi que, mon amoureux à moi, c’est Damien, et qu’il sera un jour lui aussi amoureux de quelqu’un avec qui il voudra certainement avoir des enfants.
- Même si nous sommes tactiles et câlins à la maison, je lui précise que nous ne pouvons pas nous embrasser sur la bouche car il s’agit de bisous d’amoureux.
- Je lui spécifie, enfin, que j’ai besoin d’avoir des moments d’intimité (et qu’on ne peut pas suivre quelqu’un dans les toilettes par exemple, même sa maman).
- Je lui explique qu’il peut faire les choses aussi bien avec Maman qu’avec Papa et je valorise, encourage les moments qu’il passe seul avec son papa.
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Qu’en est-il chez vous ? Comment « gérez-vous » le complexe d’Oedipe ?
Un certain nombre (de plus en plus ?) de parents laissent leurs enfants les embrasser sur la bouche par exemple. Essayez-vous de contenir les « débordements d’amour » de vos enfants ou, au contraire, êtes-vous plutôt partisans de les laisser cheminer de manière autonome ? Qu’avez-vous mis en place ? Je serais très curieuse d’avoir vos avis et conseils sur la question ! Ils me permettent souvent d’avancer et de continuer à me questionner. Car concernant cette phase (que Chaton commence aussi légèrement à avoir, notamment pour les envies de bisous sur la bouche), je fonctionne beaucoup à l’instinct, sans certitude aucune sur ce qui serait le plus adapté … L’essentiel étant que Loulou semble avoir très bien compris ce qui était, ou non, autorisé (ce qui ne l’empêche pas, parfois, de tenter de transgresser les interdits … ;-) )
Il paraît que c’est lorsque l’enfant commence à manifester de la pudeur qu’il en a fini avec la phase d’Oedipe. Loulou se promenant tout nu sans aucun complexe à la vue de « tous », je pense qu’on n’en a pas encore vraiment fini avec Oedipe …
Merci par avance pour nos échanges !
À très vite,
Céline.
Coucou copine ! Nous de notre côté, Poussinettte nous demande très rarement de nous faire des bisous sur la bouche. Nous n’avons donc pas ressenti le besoin de fixer un cadre clair avec elle. Nous lui avons tout de même indiqué que les bisous sur la bouche c’est pour les amoureux afin qu’elle évite de faire des bisous sur la bouche à tous ses copains 🙂 mais si toutefois, elle nous demande un bisou sur la bouche, nous la laissons faire. 🙂
Si par contre ses demandes devenaient trop répétitives , nous réagirerions certainement comme toi. 🙂
Bisous
Oui, je pense qu’il y a une différence entre l’occasionnel et l’automatisme. Merci pour ton avis sur la question ! Bisous !!
Personnellement, je trouve les travaux de Freud complètement sexistes et hétéronormés (non monsieur Freud, une femme n’a pas forcément envie de pénis dans sa vie ; l’homosexualité n’est pas une perversion dûe à un traumatisme dans l’enfance, etc). Du coup, à cause de ce différent entre lui et moi, dans ma tête, j’ai tendance à invalider tous ses théories, et cela inclut le fameux complexe d’Œdipe. Bon, mon avis vaut ce qu’il vaut évidemment, peut-être que tout n’est pas à jeter dans ses travaux ? (mais personnellement, c’est le choix que j’ai fait 🙈)
En attendant, je reconnais beaucoup mon fils dans certains comportements que tu décris (vouloir un parent plutôt que l’autre, la difficulté à la séparation, etc) mais absolument pas d’autres, notamment ceux typiquement freudien où mon fils serait « attiré sexuellement par moi ». Serait-ce parce que ne croyant pas à cette théorie, je ne « lis » pas ses comportements de la même manière ? Ou peut être parce qu’on y est pas encore (il n’a pas encore 2 ans et demi, peut être cela viendra-t-il plus tard ?) ? Affaire à suivre !
Tiens, je tombe du coup sur cet article https://www.les-supers-parents.com/sigmund-freud-et-notre-obsession-a-poser-des-limites-aux-enfants/ où, ça n’est dit qu’à demi-mot mais, Filliozat semble discréditer aussi le complexe d’Oedipe. Comprends-tu cet article comme moi ? Qu’en penses-tu ?
Je pense en effet que les travaux de Freud commencent à dater. Il faut évidemment prendre en compte que ses analyses datent de plus d’un siècle !
Ton article est passionnant : merci de l’avoir partagé ! Isabelle Filliozat est toujours éclairante quand il s’agit de décoder les comportements de nos enfants. Oui, je comprends que non seulement les recherches récentes discréditent Freud (on aurait pu s’en douter) mais elle remet aussi en cause la bonne foi de Sigmund quant à son intérêt à faire progresser la science (vs son intérêt de gloire personnelle).
Du coup, la grande question est : comment fixer les limites de nos enfants aux moments où ils se montreraient plus exclusifs et demandeurs d’un parent en particulier ?
Comment clarifier pour lui la place de chaque membre de la famille ? Et comment inclure le parent temporairement « rejeté » (en sachant que tous les 3 mois, ça change ;-)) pour qu’il ne vive pas mal la situation ?
Je suis toujours dérangée par ce choix des mots de « fixer des limites ». Personnellement, je n’ai pas du tout ce vocabulaire en tête quand il est exclusif avec l’un de nous deux. Je pense plutôt en terme « d’accompagnement dans la frustration », comme n’importe quelle autre crise (et à 2 ans et demi, elles sont nombreuses !). J’entends son besoin d’avoir un parent plus que l’autre, et je peux parfois y accéder, parfois pas.
Mais du coup, à te lire, je me rends compte que chez nous, on aborde effectivement pas vraiment la question du parent temporairement rejeté. Mais, la peine que l’adulte peut ressentir n’est pas quelque chose de voulu consciemment par l’enfant, alors je ne sais pas encore bien comment l’aborder. Mais je vais y réfléchir !
Non, mais tu vois ce que je veux dire quand j’emploie ces mots. Tu sais que je ne suis pas du genre à imposer des choses aux enfants ni à prendre de décisions sans essayer de décoder leurs besoins, comprendre ce qu’ils ressentent et écouter ce qu’ils ont à me dire. Je parlais de « fixer des limites » dans le sens de poser un cadre afin que chacun trouve sa place.
Oui, pas évident de gérer les besoins de chaque membre de la famille quand ils sont contradictoires …