Comment survivre à la phase d’opposition de nos enfants tout en restant positifs et bienveillants ?
Avec deux enfants de 29 mois et 4 ans presque et demi et des enfants accueillis de 2 ans,
je pense être en plein dans le sujet.
Quand et pourquoi ?
Entre 18 mois et 2 ans, l’enfant est en plein développements moteur et langagier. Il maîtrise désormais la marche et passe son temps à se déplacer, grimper, découvrir son environnement, courir, s’éloigner … Cette autonomie nouvelle lui ouvre de nouvelles perspectives d’apprentissages et de découvertes enrichissantes en tous genres. Ayant soif d’apprendre et vivant dans l’instant présent, il veut tout découvrir, tout de suite. En parallèle, cette période est celle de l’explosion du langage. L’enfant commence à bien parler, se fait comprendre et manifeste donc naturellement ses envies à ses parents sous la forme verbale. De la même manière, il a désormais la capacité de pouvoir verbaliser ce qui ne lui plaît pas.
Durant les mois qui ont précédé, avec ses premiers déplacements (au sol puis debout), il a entendu ses parents « s’opposer » 😉 à lui pour la première fois : ceux-ci ont verbalisé le « non » afin de poser un cadre qui garantira sa sécurité. Comme l’enfant apprend essentiellement par imitation, il a bien mémorisé et intégré ce « non » et le reproduit donc spontanément, l’utilisant (selon ses parents) à outrance de manière légèrement excessive 😉 au moment où se développe son langage et où sont parfois freinés ses mouvements.
Comment se manifeste-t’elle ?
Cette période est donc compliquée à gérer pour l’enfant car il se sent capable de réaliser plein de nouvelles découvertes mais se retrouve souvent freiné dans son élan. Il exprime par conséquent son mécontentement.
C’est la période durant laquelle apparaîtront ses premières frustrations. Jusqu’à présent, ses parents tentaient de toujours répondre présents lorsqu’il leur faisait comprendre qu’il avait besoin d’eux : ils répondaient ainsi tout de suite lorsqu’il avait faim, soif, changeaient sa couche lorsqu’elle était sale, le consolaient et le câlinaient régulièrement. Cette fois-ci, les choses changent quelque peu : on lui demande de composer avec un contexte. Il est capable de courir mais doit donner la main dans la rue (sécurité), il s’amuse au parc où il peut développer sa motricité nouvelle mais doit rentrer quand on le lui demande (contrainte extérieure), il aimerait essayer de tout faire tout seul, par lui-même, mais on ne lui laisse que trop rarement l’occasion d’expérimenter (sécurité ou contrainte extérieure) … Toutes ces situations nouvelles sont très frustrantes pour lui car on lui demande, pour les premières fois, de prendre en compte autre chose que son envie immédiate. Pour signifier qu’il n’est pas d’accord, il recourt à l’utilisation du « NON ! » parfois de manière systématique.
Sa nouvelle autonomie lui procure une liberté et une confiance en lui. Il se rend désormais compte qu’il est capable de réaliser de grandes choses par lui-même, indépendamment de ses parents. Il prend conscience de sa propre identité, se construit en temps qu’individu à part entière et souhaiterait être considéré comme tel, en prenant certaines décisions. Il a la possibilité d’employer le même « non » avec ses parents que celui que ses parents utilisent avec lui. C’est à la fois drôle et jouissif. Appeler cette période la phase « d’affirmation » serait, à mon sens, une manière à la fois plus positive et plus réaliste de présenter les choses.
C’est donc l’âge où l’enfant veut (et a BESOIN de) faire « tout seul », par lui-même. Proposer de l’aide à un enfant qui souhaite faire seul lui renverra l’image qu’on ne l’en pense pas capable.
Pour adoucir cette période :
Même si nous pouvons parfois nous agacer de certaines situations (lorsque notre enfant refuse de mettre son manteau ou ses chaussures pour sortir …), garder en tête certaines choses peut nous permettre d’adoucir cette période :
- Le jeune enfant, comme tout individu, a besoin de se sentir compris : il a le droit de revendiquer certaines choses, de décider certaines choses par lui-même. En lui faisant confiance, nous participons à construire son estime personnelle, sa confiance en lui, ce socle essentiel qui lui permettra d’évoluer sereinement pendant toute sa vie.
- L’enfant demande à avoir plus d’autonomie, à décider : c’est la parfaite occasion de le responsabiliser au lieu de nous opposer nous aussi à lui. En le laissant parfois faire ses propres erreurs et trouver par lui-même ses propres solutions, il apprendra plus efficacement que lorsque nous lui « faisons la leçon ».
- Dans cette période, plus encore que dans d’autres, il est nécessaire de poser un cadre clair :
- Formuler des règles simples (idéalement à travers des phrases positives), facilement compréhensibles pour l’enfant : « Reste à côté de moi » plutôt que « Ne cours pas ».
- Lui expliquer pourquoi ces règles sont mises en place. Même petit, un enfant comprend les mots « dangereux », « se faire mal », etc. …
- Adapter son environnement à celui de l’enfant lui évitera des frustrations inutiles et nous permettra d’épargner les éventuels objets fragiles qui nous tiennent à coeur : à la maison, par exemple, nous avons mis hors de portée tous les petits bibelots et autres objets décoratifs fragiles et nous laissons tout ce qui est « high tech » à distance des enfants.
- Remplacer « non » par « stop ». Si notre enfant nous dit autant « non », c’est d’abord parce qu’il nous a entendu le lui dire de nombreuses fois depuis qu’il est capable de se déplacer. Si nous souhaitons qu’il passe rapidement à autre chose, pourquoi ne pas commencer par modifier, nous aussi, le vocabulaire avec lequel nous nous adressons à lui ? Le mot « non » a l’inconvénient d’apporter parfois la confusion dans la tête de l’enfant. En effet, nous pouvons, parfois, lui dire « non » pour une chose pour laquelle nous lui dirons « oui » la fois suivante, par exemple, lorsqu’il nous demande un 3ème bout de pain ou encore lorsqu’il veut courir et faire le fou. Cela peut prêter à confusion pour l’enfant et brouiller sa compréhension du message : pourquoi me dit-on « non » aujourd’hui alors que l’on m’avait dit « oui » hier ? Pourquoi ne puis-je pas courir dans ma chambre au moment d’aller me coucher alors que j’ai pu le faire au réveil de la sieste ? » En disant « stop » à l’enfant, nous lui montrons, que, dans le contexte précis, maintenant, tout de suite, nous voulons qu’il arrête et modifie son comportement.
- Garder à l’esprit qu’un jeune enfant VEUT BIEN FAIRE, et NE PEUT PAS TOUJOURS COMPRENDRE le message qu’on lui adresse. Il nous faut donc faire preuve de patience et beaucoup répéter pour faire passer notre message : ne pas nous opposer parce qu’il s’oppose. Je ne conçois pas la relation adulte / enfant (au même titre que tout autre relation humaine d’ailleurs) comme un rapport de force. Parfois, quand la situation le permet (si elle ne présente aucun danger par exemple …) nous pouvons aussi faire preuve de souplesse et lui dire oui, toujours en lui expliquant pourquoi.
- Les enfants sont souvent stressés par nous, parents, qui leur demandons de se dépêcher tous les matins et tous les soirs. Nous leur transmettons un stress qui devrait (idéalement) rester le nôtre. « L’opposition » est ici une manière pour l’enfant de faire comprendre à son parent qu’il ne veut pas être bousculé, qu’il aimerait qu’on s’adapte à son rythme au lieu de toujours devoir s’adapter à l’urgence des parents. Encore une fois, en lâchant du leste, en ralentissant, en écoutant et prenant en compte les envies de nos enfants, nous permettrons à la situation de « crise » de se terminer plus vite.
Et pour nous rassurer :
Gardons à l’esprit qu’un enfant qui s’oppose à ses parents est on ne peut plus normal et sain (je vous invite à (re)découvrir mon article sur les enfants sages à ce sujet). Tant que l’enfant respecte les règles à l’extérieur, c’est qu’il a bien compris notre message malgré tout.
L’opposition des enfants variera en fonction du caractère de chaque enfant, du contexte familial et surtout de la façon dont nous réagissons en tant que parents : en répondant à l’enfant de manière positive et en prenant, autant que possible, en compte ses envies, nous lui montrerons qu’il est compris et lui permettons de passer plus rapidement à autre chose.
Enfin, souvenons-nous que les grosses colères et débordement émotionnels sont normaux chez le jeune enfant. Son cerveau immature ne commencera à maturer qu’à partir de 5-6 ans, âge auquel cette « phase dite d’opposition » se termine généralement.
Comment cette période s’est-elle passée pour vos enfants ? Et comment y avez-vous fait face ? Quel est, selon vous, la petite astuce que vous souhaiteriez partager avec d’autres parents ?
Bonne journée !
Céline.
Je crois qu’Eileen vient de plonger en plein dans cette phase 😣 ça a commencé samedi, le jour de son 22ème mois ! (Manque de bol c’était aussi le jour de mon anniversaire, youpi). Du jour au lendemain, je ne peux plus rien en tirer… je dois lui courir après pour l’habiller, lui répéter vingt fois les choses, lui mettre les chaussures et le manteau à la volée, me battre pour qu’elle ne saute pas de la table à langer… et elle ne veut plus rien manger aussi.
J’ai beau être assez zen la plupart du temps, là elle me fait perdre mes moyens.
Et pourtant elle ne dit pas encore ce fameux « non », mais elle s’oppose physiquement à la place.
Quelle période ! En plus de ça avec ma reprise du boulot on est encore en train de se chercher un nouveau rythme, donc je pense que ça n’aide pas.
Ce qui m’embête le plus en ce moment, c’est cette histoire de table à langer, ça fait quelques temps déjà qu’elle essaie d’en descendre seule en se tortillant comme un ver pour s’enfuir, et descendre les pieds en premier, comme quand elle descend d’une chaise. La technique est bonne, mais le problème c’est que c’est bien plus haut ! Et vu qu’à chaque fois plutôt que de la laisser tomber je l’accompagne au sol (normal), j’ai l’impression qu’elle ne se rend pas compte du danger, malgré mes explications. Quelle solution je peux trouver à ça ?
Sinon, ma petite astuce du matin pour éviter de la presser, c’est d’avoir un créneau horaire large. Sur le contrat signé avec la nounou, il est noté qu’Eileen est gardée par elle à partir de 8h15, mais dans les faits, elle sait que ma fille arrivera entre 8h15 et 8h35. Ça nous laisse un créneau de 20 minutes pour gérer les imprévus et faire des négociations sur le port du manteau.
(J’ai repéré une nouvelle petite coquille dans ton texte Céline « maintenant, tout de suite, nous voulons qu’il arrête ce qu’il modifie son comportement. »)
Bon anniversaire avec un peu de retard !
Ah oui, on dirait bien que vous êtes en plein dedans … 😉
Pour la table à langer, en effet, c’est un grand classique que presque tous les parents ont à affronter je crois. Vient un temps où, on a beau ruser, leur donner des choses à faire à chaque fois pour participer, etc, ils ne veulent, tout simplement, plus rester dessus. Du coup, moi, ce que j’ai fait, à chaque fois que ça devenait problématique avec mes enfants, c’est que je suis passée aux couches culottes à enfiler debout et je les ai changé debout. Sinon, avec les enfants que j’accueille, le change se passe sur le canapé avec une serviette en dessous, ce qui me permet d’assurer la sécurité (c’est moins haut) et de les faire monter et descendre seuls, ce qui facilite l’acceptation de la chose ;)/
(Merci pour la coquille : je vais faire la modif : j’ai moins de temps pour me relire en ce moment … 🙁 )
J’ai l’impression que cette période commence chez nous aussi. Pour le moment c’est plutôt drôle quand on dit à notre louloutte de 19 mois qu’il est temps de changer la couche et pousse un grand Nan et s’enfuit en rigolant mais elle se laisse volontiers attraper. C’est juste surprenant pour nous de l’attendre nous répondre « non » 😊
Ah oui, les courses poursuites, c’est tellement drôle. Pour les couches, et aussi, à la maison, pour le débarbouillage de bouches après les repas. C’est presque devenu rituel 😉
Bon courage !