À un moment ou à un autre de son existence, il nous arrive de faire un point sur là où l’on en est vis-à-vis de nous-même ; de nous remettre en question sur nos priorités ainsi que sur les choix de vie que nous avons faits. Qu’est-ce que le bonheur ? Par quoi se manifeste-t-il pour moi ? Mes choix de vie, de carrière sont-ils en adéquation avec mes valeurs profondes ? Suis-je globalement heureux ? Qu’est-ce qui entrave mon bonheur ? Le métier que j’exerce a t-il vraiment un sens à mes yeux ou suis-je entré dans un moule (plaisant ou non) dont je me sens prisonnier malgré moi ? Ma vie me permet-elle d’être vrai au quotidien ?

Si ces questions existentielles ont toujours été présentes en moi, elles ont commencé à prendre beaucoup de place peu avant de devenir maman. Pour certains, c’est le fait de devenir parent, l’avancée en âge ou la perte d’un proche qui les fait émerger. L’arrivée de mon fils aîné a véritablement impulsé le changement qui s’amorçait.

Chanceuse, j’étais tombée amoureuse de mon meilleur ami, précédemment un de mes copains de lycée et j’avais donc épousé mon âme sœur. L’essentiel était là.

Sur le plan professionnel, en revanche, ça n’était pas la joie.

Bonne élève, j’avais obtenu une licence en fac puis un diplôme de commerce international dans une de ces fameuses écoles de commerce qui font espérer aux étudiants un salaire grandiloquent au sortir des études, un job à responsabilité, une carrière quoi … J’avais fait des stages en marketing dans des entreprises prestigieuses (et souvent déshumanisées) et n’avais finalement jamais réussi à trouver ma place dans ce vaste monde de l’entreprise pour lequel j’étais, sans doute, finalement mal équipée sur le plan humain. Je n’arrivais donc pas à décrocher le poste, pourtant passionnant sur le plan technique, auquel j’aspirais. J’enchaînais les stages, CDD et me trouvais désormais empêtrée dans un CDI sous qualifié qui n’avait rien à voir avec mes compétences et ce dans une boîte qui confondait management et terreur, vision d’entreprise et bidouilles à court terme, productivité et promotion canapé. Un sketch quoi … Je cherchais désespérément une porte de sortie. Cette dernière expérience avait été tellement désastreuse qu’elle avait eu le mérite d’accélérer cette fameuse remise en question. Plus question pour moi de chercher à travailler dans ce secteur d’activité, ni même à ce poste. Et, soyons fous, plus question non plus de travailler en entreprise. Je n’étais décidément pas faite pour cirer des bottes, mettre en place des stratégies pour me faire mousser au détriment des collègues ni rédiger des mails vicieux destinés à faire porter le chapeau aux fournisseurs et autres partenaires en prévision d’un éventuel capotage du projet en cours. Je ne me faisais pas aux codes implicites consistant à stratégiquement prendre son café en même temps que son boss ni du franco-français présentéisme tardif censé être révélateur de l’implication salariale.

Ma grossesse a donc été salutaire. J’ai tout plaqué pour me centrer sur ce qui comptait vraiment pour moi : ma vie de famille avec Damien et notre bébé qui arrivait. Le reste suivrait après. Je ne concevais, de toutes façons, pas d’abandonner ce petit loulou de quelques semaines, qui découvrait à peine le monde pour contribuer à l’augmentation d’un chiffre d’affaires (quand bien même c’eût été pour une boîte qui en valait la peine). Qu’est-ce qui était plus important que cela, qu’être présente pour notre enfant ? Que de lui donner un socle d’amour sur lequel il pourrait s’appuyer toute sa vie ? Que d’essayer de le pousser vers l’autonomie en faisant mon maximum pour lui donner confiance en lui et en l’autre ?
L’enfance est capitale. Toute notre vie en dépend. Elle est également pleine de poésie, de magie et ces années si précieuses de la vie de mes enfants passent à une vitesse incroyable, je ne voulais pas en manquer une miette.


Ne nous méprenons pas : je ne porte aucun jugement sur les mamans et papas qui travaillent et qui s’épanouissent en entreprise. Je respecte beaucoup tous ces parents qui optimisent chaque minute et jonglent éternellement afin de trouver un équilibre entre le temps passé au travail et les instants précieux partagés en famille. J’explique simplement une partie de mon parcours personnel et les choix que j’ai faits et qui sont les bons car ils sont les miens, pleinement choisis et assumés.

Je ne souhaitais pour autant pas devenir mère au foyer car je tenais à ce que notre loulou évolue au contact d’autres enfants et parce que je souhaitais avoir une autonomie financière. Je me suis donc reconvertie et suis devenue assistante maternelle. Désormais, je subis certes un manque de reconnaissance sociale (on ne va pas se mentir !) mais dont je me moque éperdument – ceux qui portent un jugement sur le fait de travailler avec des enfants passent, à mon sens, à côté de l’essentiel. Je suis pleinement épanouie en tant que maman, et j’ai trouvé un métier profondément humain dont je mesure concrètement les résultats (et qui me gratifie infiniment mieux qu’un sourire hypocrite de mon ancienne boss). Je ne sais pas si j’exercerai cette activité toute ma vie (j’ai déjà d’autres idées en tête) mais aujourd’hui, je suis contente d’accueillir des loulous chaque matin et de voir grandir mes enfants.

Et vous, avez-vous ou pensez-vous parfois à changer de vie ? Comment vivez-vous ce changement ou cette envie de changement ?

Partageons nos expériences, c’est comme cela qu’on s’enrichit !

À très vite.

Céline.